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"Je ne suis ni Belge ni surréaliste et je vous prie de me pardonner." C'est en ces termes que Paul Lambda s'est exprimé la première fois que je l'ai lu. Il désirait soumettre à nos bons soins un manuscrit d'aphorismes, il avait sonné à la bonne porte. Ca arrive — trop peu souvent, mais ça arrive —, ce fut une véritable claque. Ou une caresse. Il n'avait pas besoin d'avouer ne pas être de la bonne nationalité, il était déjà pardonné.
Dans le reflet de mon écran d'ordinateur, je me devinais occupé à sourire en le lisant. Je découvrais des phrases conçues dans la dentelle, des propos qui coulaient comme le sable entre les doigts, des mots s'articulant avec une telle évidence que l'on se reprocherait volontiers ne pas avoir pensé la formule avant lui. S'il avait été près de moi lors de cette première lecture, sans doute l'aurais je serré dans mes bras en le remerciant, mais j'ignorais à quoi il ressemblait, s'il était grand et bedonnant ou maigre et chauve, s'il sentait l'ail ou le vétiver, le patchouli ou le pastis, s'il piquait ou souriait, grognait ou s'esclaffait, s'il aimait la bière ou la Suze...
Je découvris que l'homme diffusait ses tweets à 7500 abonnés et lui offrit directement un contrat plantureux. Nous étions faits pour nous entendre.