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Günther Anders a jeté les fondements d'une critique de la technique dans le monde industriel, il n'aura cependant jamais cessé d'élaborer une conception de cette humanité qui allait devenir obsolète sous l'empire de sa propre création. C'est ce travail, poursuivi depuis les années trente dans le sillage d'Husserl, de Sheler et de Plessner, et dans l'opposition à Heidegger, qui est recueilli dans ce volume.
Si la dimension théorique est présente, Anders explore aussi les conséquences concrètes de ses constructions, en explorant des situations comme la honte ou le sommeil, ou des objets comme le besoin ou l'instinct. Ses premiers essais mettaient en valeur les limites d'une anthropologie, désignant l'humain comme non fixé, là où le plus souvent on lui prête une essence. Et c'est au constat d'une obsolescence de toute anthropologie philosophique que nous conviera le dernier texte de cet ouvrage.
Rebelle, voire ironique, à l'égard de l'anthropocentrisme, il doit courageusement affronter le paradoxe de tout son engagement de pensée et sans doute de vie : l'humanité est contingente, elle ne se situe pas au centre de l'univers, mais rien n'importe plus que sa survie.