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Avant de devenir nationaliste dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’histoire de France a été nationale. En opposition à l’histoire monarchique, des savants cherchent, dans les décennies qui suivent la Révolution, à faire l’histoire de toutes les composantes de la nation. L’histoire « véritablement nationale », avant le repli nationaliste, s’ouvre à de nouveaux champs de recherches et s’applique à faire entendre « toutes les voix du passé », comme le proclament les auteurs des Archives curieuses de l’histoire de France (1834).
En explorant cette période méconnue de l’histoire de la pensée historique sur la base d’archives encore jamais exploitées, L’Invention de l’histoire nationale en France remet en question bien des évidences contenues dans les manuels d’historiographie. Délaissant les grandes figures que ces derniers affectionnent, le présent ouvrage montre d’abord comment, dès l’époque révolutionnaire, certains pédagogues tentent de définir les formes d’une nouvelle histoire, puis observe, à travers l’évolution du livre d’histoire, la multiplication de recueil de documents ou encore l’apparition de revues spécialisées (comme la Revue historique de la noblesse lancée par le frère de Pétrus Borel, Le Lycanthrope), comment l’histoire se singularise et se diversifie.
Ce livre nous apprend également que sous la monarchie de Juillet, la plus importante association d’historiens (l’Institut historique, fondé par l’aventurier Garay de Monglave) s’oppose ouvertement au ministre François Guizot qui fonde au même moment le Comité des travaux historique et scientifiques (CTHS). Le lecteur de L’Invention de l’histoire nationale en France est invité à découvrir des personnages tels qu’Amans-Alexis Monteil (1769-1849, inventeur de la fameuse formule « histoire-bataille »), Félix Bourquelot (1815-1860, premier historien du suicide et auteur de la première monographie d’histoire économique) ainsi que ses camarades de la Société bibliophile-historique, disciples de Michelet et d’Augustin Thierry ou élèves de l’École des Chartes au milieu des années 1830.
A travers ces différents parcours, se dessine progressivement la figure de l’historien de métier. L’histoire nationale en France, qui intéressera tout ceux qui se préoccupent de la place de l’histoire dans la société et dans le débat public, est une invitation à repenser le passé et le présent de la discipline historique.