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Le père a engendré la fille ; la peintresse a dépassé le peintre. Du début à la fin, ce texte, qui évoque les peintres Orazio et Artemisia Gentileschi, est parfaitement beau, onctueux, savoureux, érudit, majestueux, ultraviolent. Cette nouvelle qui contient mille romans constitue une magistrale vengeance littéraire : en quelques lignes, toutes les femmes sont définitivement vengées de tous les viols.
Favier n'offre aucune concession à la sensibilité du lecteur ; pourtant, hypersensibilité palpite entre chaque mot. Tout imprègne dans ce texte aux caudalies plus longues que celles d'un très vieux vin : l'amour et la haine ne font qu'un incendie qui consume la vie du père et de la fille et engendre des peintures puissantes. Les lettres épicières et tout ce côté mendiant de la vie d'artiste, sont posées là à côté des effluves du génie.
Le christ déchristifié est redevenu petit migrant en fuite, affamé. Emmanuelle Favier opère comme son héroïne Artémisia Gentilescha, avec la puissance prodigieuse des rages enfouies qui rejaillisent sous forme de chef d'oeuvre. Elle s'inspire du tableau exposé au Musée du Louvre, Le repos de la sainte famille pendant la fuite en Egypte (Orazio Gentileschi, XVII ème siècle).