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L'Ogre et la poupée est un texte cannibale, qui mange du théâtre et au-delà, et ça lui reste entre les dents : du Breton, du Rimbaud — entre deux chicots, la Bible et Mary Shelley. On y fait le ménage avec les dents. Les contes de fée de l'enfance sont dans le sac aussi — Barbe-bleue et ses femmes accrochées mortes, Blanche-Neige et sa pomme toute rouge, Le petit Chaperon rouge et son loup — avec leur cruauté inouïe, leur dévorante quête de l'objet érotique, leur immense pouvoir de fascination et de vérité, leurs terribles images qui clouent les gamins dans un spasme, un hoquet : ça égorge et ça décapite, ça désire fort aussi.
Les éventrements vont bon train. Qu'on mange cru comme Harpo, ou cuit comme Mimmo, l'important est de manger, de faire claquer sa mâchoire pour réduire en lambeaux... au risque de (se) déchiqueter la langue. Daniel Lemahieu est un auteur affamé... La faim de l'auteur-ogre est une vraie bourrasque qui tantôt s'emporte sur les points d'exclamation, tantôt s'apaise sur les points de suspension : elle donne à la pièce son rythme haché (menu), ses sursauts innombrables, son tempo infernal.
Jamais cela vraiment ne se calme, sauf à la fin, faute de combattant. Jean-Luc Matteoli