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Contrairement à ce que pourraient laisser supposer certaines conceptions postmodernistes de l'effervescence festive, 1'Oktoberfest de Munich n'est pas associée à une mise en suspens temporaire des distinctions d'ordre socio-économique prévalant entre ses participants, ni même à un dérèglement transgressif traduisant un plain-pied dans ce que la société moderne rationalisée aurait refoulé. Par une séparation matérielle et symbolique des différentes classes sociales, ainsi que par les détours d'une subtile redistribution des ressources, cette manifestation indissociablement liée à la Bavière contribue en effet à marquer et valider les distinctions sociales sous couvert d'une prétendue communion fraternelle.
Réglant la société bavaroise bien plus qu'elle ne la dérègle, elle favorise également l'intériorisation et la reconduction des normes dictées par la collectivité. L'Oktoberfest ne se situe par ailleurs pas au-delà du temps de la soumission et de la lutte politiques. Cette fête créée en 1810, qui a toujours été une occasion privilégiée pour l'élite gouvernante bavaroise de mobiliser toute une batterie de formes symboliques contribuant à légitimer son pouvoir, constitue aujourd'hui un enjeu de lutte entre la CSU et le SPD, et l'équivalent d'une fête nationale pour les Bavarois.
Ceux-ci y exaltent fièrement l'histoire et la culture du Freistaat sud-allemand, exaltation qui n'est que le prolongement sur le mode festif d'un nationalisme particulariste attaché à la défense des préceptes fédéralistes.