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L'univers d'Alexandre Vialatte ressemble un peu à celui des vieilles cartes postales. Des personnages désuets y prennent la pose dans des squares de province. On les a retouchés de ces couleurs criardes qui leur donnent la nuance d'une éternité démodée. Ce ne sont que vieilles tantes "à l'état pur", moutons "en soi", sapins "absolus", neiges "irréfutables". La métaphysique fait son entrée dans les décors stéréotypés de l'opérette.
Au fond de leur cuisine, des voyageurs de commerce s'adonnent à la recherche de l'absolu. La Beauté foudroie sur des affiches de réclame. C'est que, chez Vialatte, l'originalité se tient au bout du cliché ; l'absolu ne se trouve qu'au terme de l'épuisement des choses et des êtres, lorsqu'oubliés, déchus ou grotesques, enfin privés de toute valeur et de tout sérieux, abandonnés à eux-mêmes, ils laissent transparaître cette merveille impalpable, ce je-ne-sais-quoi qui est l'essentiel : la poésie.
L'Opérette métaphysique d'Alexandre Vialatte est le premier ouvrage qui tente de définir l'esthétique commune à ses romans, ses chroniques ou ses poèmes, à travers sa conception du récit, son imaginaire spatial, ses figures mythiques, ses obsessions, sa logique.