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Longtemps tenue pour acquise et acceptée, l'Union anglo-écossaise (1707) est à présent remise en cause et contestée. Les Ecossais ont certes rejeté l'indépendance lors du référendum qui s'est tenu en 2014 par 55,3 % des voix, mais le résultat de ce scrutin montre qu'ils sont divisés sur cette question. Cette fragmentation du peuple écossais reflète celle de la communauté des historiens. Depuis le milieu des années 1960, ceux-ci se sont opposés sur le sens à donner - à l'Union, vantée par les uns, et décriée par les autres.
Au cours des deux siècles précédents, ils s'étaient accordés pour célébrer ses bienfaits, en particulier la puissance, le rayonnement et la prospérité de l'Empire britannique. Mais avant que n'émerge ce consensus unioniste dans le sillage de la bataille de Culloden (1746), qui avait mis un terme aux derniers espoirs de restauration jacobite et, par là même, aux dernières incertitudes concernant le sort de l'Union, ils avaient émis des jugements très contrastés sur cette transaction.
C'est cette période de l'historiographie de l'Union - depuis son entrée en vigueur, en 1707, jusqu'à l'échec de la dernière rébellion jacobite, en 1746 - qui fait l'objet de la présente étude. Yannick Deschamps y analyse les interprétations de l'Union proposées par des historiens, des annalistes et des chroniqueurs ayant des profils et des degrés de notoriété très divers, dont Daniel Defoe, Gilbert Burnet, John Oldmixon, Abel Boyer, Nicholas Tindal, John Lockhart of Carnwath et Thomas Salmon.
Dans quelle mesure les convictions politiques et religieuses de ces historiens ont-elles influencé leur conception de cet événement historique majeur ? Leurs explications reflètent-elles une idéologie cohérente ? Peut-on parler d'une interprétation whig ou tory de l'Union ? D'une interprétation anglaise ou écossaise ? D'une interprétation britannique ? Quelle influence les lectures de l'Union réalisées entre 1707 et 1746 auront-elles sur celles qui suivront ? Telles sont les principales questions auxquelles répond cet ouvrage, qui, comme le souligne Pierre Morère, "éclaire opportunément et d'une façon presque inattendue les débats actuels sur l'indépendance de l'Ecosse".