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Selon quelles modalités l'organisation du placement des chômeurs a-t-elle été construite, en France, de la crise économique des années 1880 à la Première Guerre mondiale, en terrain de mobilisation sociale et en objet de politique publique ? Les différentes expressions de la concurrence entre intermédiaires d'embauche sont au coeur de cet ouvrage. Alors que la bataille du placement s'ouvre en 1886 à Paris avec la lutte frontale des salariés de l'alimentation contre les placeurs commerciaux, marchands de travail haïs, des alternatives gratuites sont inaugurées, bourses du travail et bureaux municipaux.
La gratuité universelle du placement est certes proclamée par la grande loi du 14 mars 1904, au terme d'un processus législatif heurté, précipité par une campagne syndicale intense, mais un véritable service public de l'accès au travail peine encore à s'épanouir en ce tout début de XXe siècle. Sous l'impulsion du ministère du Travail, en collaboration avec les réseaux réformateurs et dans le cadre nouveau de la lutte contre le chômage, la synthèse républicaine agit pleinement de 1910 à la Première Guerre mondiale en donnant lieu à des offices de placement locaux organisés par professions et convertis au paritarisme.
Au croisement de l'histoire du travail, de l'histoire de l'action publique et de celle des mouvements sociaux, cet ouvrage explore la genèse du marché du travail, envisagé comme réalité historiquement située, indissociable, au tournant du XXe siècle, de sa mise en ordre.