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Le nonsense délirant de Lewis Carroll et le surréalisme rêveur d'Aragon : un classique d'hier réédité aujourd'hui pour la première fois en bilingue. Depuis sa parution en mars 1876, La Chasse au Snark, l'une des oeuvres capitales et incontestablement la meilleure réussite en vers de son auteur, n'a cessé de fasciner petits et grands. Traduit en français par Aragon en 1929, ce titre compte aujourd'hui parmi les références du fonds Seghers, qu'il était essentiel d'ajouter aux rééditions de poésie étrangère bilingue de la maison.
(Une version illustrée sur le mode du roman graphique par Mahendra Singh est parue chez Seghers en 2012.) Les huit épisodes ou " crises " qui composent ce récit en 141 quatrains racontent les aventures d'un équipage de quelques hurluberlus (dont L'Homme à la cloche, un avocat, un banquier, un marchand de bonnets, un agent de change, un castor et Machinchouette) partis en mer à la recherche d'une créature chimérique : le Snark, mot-valise contractant les mots anglais de shark (requin) et de snail (escargot).
Débarqués dans l'île du Jabberwock pour capturer la bête, ils la " traqueront avec des gobelets ", la " poursuivront avec des fourches et de l'espoir ", la " menaceront avec une action de chemin de fer ", et la " charmeront avec des sourires et du savon ". L'Avocat rêvera une parodie de procès, le Banquier mourra croqué par un Bandersnatch, et Machinchouette s'évanouira au moment de découvrir que le Snark qu'il avait fièrement dépisté se trouvait être un Boojum.
Espèce autrement dangereuse, " voyez-vous ". Au cours de cette épopée, le lecteur est engagé dans quantités de jeux de mots et de sonorités, dont la traduction d'Aragon, extrêmement ludique et accessible, offre de miraculeuses équivalences. Sans doute parce qu'il voyait une " nécessité à traduire même le non-sens "...