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Anne-Marie du Boccage raconte dans La Colombiade (1756) le périple maritime de Colomb, son arrivée sur une île paradisiaque— utopique — et sa première rencontre avec des Indiens. A cette époque, au milieu du XVIIIe siècle, paraissent L'Essai sur les moeurs et l'esprit des nations de Voltaire et le Discours sur l'origine de l'inégalité entre les hommes de Rousseau. L'idée d'un bon sauvage ressurgit, doublée par la "légende noire" des conquistadores qui donne mauvaise conscience aux esprits éclairés ; le monde civilisé s'interroge alors sur le bien-fondé de la Conquête.
L'auteur s'efforce de réhabiliter l'Amiral — présenté ici comme un homme de science, presque un homme des Lumières — et son grand projet, à la fois religieux et humaniste. Déjà, les héros de l'épopée d'Anne-Marie du Boccage, comme le note Catherine Jardin dans sa préface, oscillent entre l'attrait du paradis perdu et leur croyance dans le Progrès. Lavant-propos de Milagros Palma met l'accent, dans une approche anthropologique, sur la vision des Indiens, des Noirs et des Métis d'Amérique qui, aujourd'hui encore, cinq siècles après la Conquête, vivent cette tragédie.