La distribution des prix représente une part de la mémoire de la nation française. Sa signification ne se limite pas à l'émulation des élèves et à la réussite scolaire, que récompenseraient un dictionnaire ou un beau livre. Elle éclaire d'un regard différent l'histoire de la vie locale et nationale. Sa fonction n'échappe pas aux grands hommes, scientifiques, moralistes, notables, ni aux responsables politiques locaux ou nationaux. D'Henri Bergson à Paul Valéry, de Lucien Bonaparte au maréchal de Lattre de Tassigny, d'Émile Durkheim à Jean Zay, tous entendent proposer des leçons de vie aux écoliers. Chacun met son éloquence au service de ses objectifs : mobiliser les troupes de demain pour Lucien Bonaparte, préparer la paix pour Jean Jaurès, commémorer les sciences pour Ernest Renan, critiquer l'histoire pour Paul Valéry, ou comme René Rémond vanter la dissidence en 2001. Scientisme, laïcité, patriotisme, résistance, productivisme, les messages véhiculés, reflets de deux siècles d'histoire des idées, veulent donner espoir, faire aller de l'avant, reconstruire l'homme, ou désespèrent de l'évolution des mœurs et de la société. Toujours, il s'agit d'influencer la jeunesse. Au cœur des débats, apparaissent de façon récurrente les prises de position pour les Anciens ou les Modernes, pour ou contre les humanités. C'est la première fois qu'un ouvrage, relevant de l'anthologie et de la réflexion critique, rassemble une telle documentation sur l'histoire de la distribution des prix.