En cours de chargement...
Face à l'irruption répétée de la violence dans l'histoire, le théâtre peut-il s'approprier les blessures communes et inventer les formes susceptibles de les saisir ? Cerner les noeuds de la mémoire n'est pas nécessairement les entériner comme des passages obligés du récit collectif. Ce serait faire de l'injonction à se souvenir, au coeur de la réflexion de Paul Ricoeur (La Mémoire, l'histoire, l'oubli), une contrainte surdéterminante pour l'individu et la société à laquelle il appartient.
Le livre La Mémoire de la blessure au théâtre interroge le sentiment d'appartenance à une même histoire qui s'appuie sur des événements douloureux, à partir d'un corpus de pièces allant de la Renaissance au XXIe siècle. La représentation scénique d'un trauma collectif s'accompagne-t-elle d'une exigence de réparation ? La mise en fiction ne permettrait-elle pas un examen lucide des noeuds traumatiques ? Le livre aborde des questions d'ordre éthique, politique et esthétique, et réfléchit à l'aptitude du théâtre à dire la catastrophe et la guerre, de façon distanciée, documentaire et/ou faussement réaliste.
A une époque marquée par la concurrence des mémoires, il s'agit de mettre en valeur des formes théâtrales variées, parfois fort éloignées dans le temps, qui montrent comment l'intimation "Souviens-toi" comporte un danger d'instrumentalisation de l'histoire. C'est bien le degré de pertinence du théâtre qui est ici étudié dès lors que la littérature subit l'épreuve du réel.