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Les Hommes de bonne volonté : malgré son irrésistible fonction d'appel, le titre déçoit, d'emblée. Face aux désordres et aux conflits d'un monde soumis aux cataclysmes de l'Histoire, il oppose une bien pâle vertu évangélique. Un renoncement, voire une défaite, s'inscrivent en filigrane dès l'ouverture de ce gigantesque roman dans lequel, au rebours du titre, le mal, omniprésent, s'exhibe au sein des familles comme au sein des groupes, des bandes et des sociétés secrètes.
Ses formes les plus exacerbées, telles les perversions, annexent même la totalité de certains volumes, pendant que l'énigmatique Quinette, double de Landru et figure emblématique du mal, érige l'assassinat au rang de discipline intellectuelle. Les représentants de la bonne volonté assistent en spectateurs impuissants au sabbat de l'abîme, avant de tourner le dos à un monde incurable qu'ils n'espèrent plus rédimer.
Le présent essai a l'ambition d'évaluer les stratégies scripturales complexes mises en oeuvre par l'auteur pour accréditer cette représentation fascinée du mal, et consistant en de subtils compromis avec la figure redoutable du père, le véritable manipulateur de cette machinerie du mal, caché dans les coulisses de ce vaste théâtre que sont Les Hommes de bonne volonté.