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Flaubert a commencé ce livre à vingt-deux ans. Il lui a donné ce titre. Il ne l'a jamais publié. De sorte qu'on a toujours eu tendance à le considérer comme une esquisse de L'Education sentimentale, la grande, celle de la maturité, avec laquelle il a très peu à voir dans son intrigue. Il y a ici éducation sentimentale d'Henry, brillant séducteur, qui enlève Mme Renaud, l'emmène à New York (Flaubert était enchanté de ces belles pages), et épouse une "nièce de ministre".
Mais il y a plus : il y a son ami Jules, poète de province, qui bovaryse déjà, songeant au destin d'Henry, mais qui accède à des vérités plus hautes. Il y a éducation littéraire. Albert Thibaudet reconnaît, du reste, que nous tenons là "l'art poétique de Flaubert". Dans sa préface, où il rappelle la genèse de cet admirable premier roman et l'éclaire par des oeuvres de jeunesse aussi peu connues, comme Mémoires d'un Fou et Novembre, François Régis Bastide écrit : "Nous le savions, mais nous le savons mieux : le Patron, c'est bien Flaubert".
La réédition de ce premier roman confirme un attachement particulier à celui que l'on considère de plus en plus comme le précurseur du roman moderne.