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Au cours des années 2000, la montée en puissance de la question climatique dans les médias généralistes français, en rendant plus évidents les dégâts environnementaux provoqués par le capitalisme, aurait pu conduire à interroger l'emprise des rationalités marchandes sur l'organisation des sociétés. Revenant sur la genèse et le déroulement ordinaire de ce débat public, ce livre montre comment s'est au contraire imposée une vision dépolitisée de la question climatique.
Pour attirer l'attention des journalistes, les défenseurs conventionnels de cette cause doivent en livrer une version consensuelle propre à satisfaire les verdicts du «plus grand nombre». Ils développent alors une entreprise de moralisation des individus ce qui, du même coup, met à l'abri de la critique les logiques économiques et politiques engendrant la catastrophe écologique en cours. Et ce d'autant plus que les prescriptions «éco-citoyennes» occultent le coût environnemental plus élevé des styles de vie socialement valorisés, permettant ainsi aux plus favorisés de faire valoir leur bonne volonté écologique sans avoir à questionner leurs aspirations consuméristes.
Loin d'être neutre, la dépolitisation des enjeux climatiques conforte une organisation sociale hautement inégalitaire et écologiquement dévastatrice. C'est donc à une sociologie des mécanismes concourant à la préservation de l'ordre établi que contribue l'enquête présentée dans ce livre. Ce faisant, elle ouvre des pistes pour penser autrement, et au-delà du seul cas français, une transformation sociale et écologique des «sociétés de marché».