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Les errements d'Yves de Vallone (1666/67-1705) et les péripéties de sa carrière sont remarquables. Engagé malgré lui dans la Congrégation de Sainte-Geneviève à l'âge de 16 ans, il s'enflamme lorsqu'il est informé qu'il existe une "petite Eglise" de sociniens au sein de son ordre. Il accuse les directeurs génovéfains d'hérésie et subit une persécution très éprouvante, mais finit par faire démettre le supérieur général et ses acolytes, non pas à cause de leur hérésie, mais à cause de la persécution qu'ils lui ont infligée.
La nouvelle direction génovéfaine cherchant à venger l'ancienne, Vallone s'échappe en Suisse et en Allemagne et se convertit au protestantisme en 1697. Appelé à Zwolle aux Provinces-Unies, il s'érige en apologiste rationaliste de la doctrine calviniste de la prédestination dans deux écrits dirigés contre les luthériens. Cependant, ne voulant abandonner la métaphysique aux libertins, il se laisse emporter par la logique de sa propre conception malebranchiste de l'Etre infiniment parfait et se heurte à la critique de Jacques Bernard et à la censure par un synode de l'Eglise réformée en 1703.
Il abandonne alors, non pas son rationalisme malebranchiste, mais la doctrine du péché originel qui avait entraîné toutes ses difficultés : sous l'influence de Leenhof, et à l'aide des oeuvres de Richard Simon, de Pierre Bayle et de Spinoza, il dresse une histoire accablante de la doctrine chrétienne et élabore un système philosophique où Dieu, principe intelligent de tout ce qui existe, agit par la nécessité de sa propre nature et finit par se confondre avec la Nature.