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Le constat semble s'imposer du caractère éphémère de toute existence. La brièveté de la vie nous obligerait à nous dépêcher, à courir, à construire, à jeter les fondements de ce qui nous survivra, à produire cela même qui défiera le temps en un simulacre d'éternité : l'art, la culture… Mais une telle existence - gagner et dépenser, conquérir et perdre, jouir et déprimer - il faut bien avouer que ce n'est pas une vie ! C'est qu'il y a autre chose que le constat de l'éphémère.
L'acte le plus léger est lesté d'éternité. L'oeuvre la plus fragile accueille l'absolu. Et c'est cela la culture. C'est peut-être là ce qu'on nomme « incarnation » : la Vie faite chair, sentiment, angoisse, action, épreuve… La Vie inscrite dans les sursauts du corps, dans ses tremblements, dans ses élans. Inscrite et non pas assignée. L'incarnation n'est pas une incarcération. Elle est la Vie qui informe la matière pour la faire chair, pour l'ouvrir au-delà d'elle-même, pour l'ourler d'un débord, pour lui donner de naître, infiniment.
Elle est la Vie qu'accueille chacun de nos souffles, chacune de nos paroles, le moindre de nos gestes, la moindre de nos pensées. Alors, dans ce dessaisissement de soi qui est déjà accueil plénier de la Vie se laisse entendre une promesse, autant dire un envoi : rien ne nous sera repris de ce qui nous a été donné. Toute grâce est irrévocable. Donné, c'est donné. Pour la Vie !