Elle, femme à la fleur de l'âge, ne voulait plus se résigner à supporter ses troubles intestinaux au long cours, peu sensibles aux traitements. Elle refusait même d'en parler à son entourage pour échapper aux inévitables conseils de vacances ou de psychothérapie. Lui, médecin généraliste, avait été l'un des premiers à la recevoir en consultation quand elle était une toute jeune fille. Il fut agréablement surpris de la voir revenir presque vingt ans plus tard, à quelques mois de sa retraite. De consultations en e-mails, elle en vint à commenter ses troubles digestifs et leurs remèdes, à lui parler de sa famille, des médecins, de sa peur du cancer, sans bien dénouer l'intrication de sa maladie avec les péripéties de sa vie. Sans trop savoir pourquoi, il nouait une relation avec elle plus intime qu'avec ses autres patients. Et il se trouva initié à des confidences de sa malade, qui prirent le pas sur les symptômes intestinaux. Ce récit d'une tranche de vie singulière se lit comme une consultation rêvée où seraient mises au jour les pensées du malade et du médecin.