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La Tour de Babel se dresse à l'horizon de l'imaginaire
occidental, tel un défi à l'interprétation. Après l'épisode du
Déluge et avant l'entrée en scène d'Abraham, les neuf versets
du livre de la Genèse ferment le cycle des origines (Gn 11,1-
9). La construction d'une ville "pour se faire un nom" et
l'édification d'une tour "dont le sommet atteindra les cieux"
ont longtemps été perçues comme l'expression d'une ambition
humaine démesurée conduisant à la perte de l'unité primitive
et à la confusion des langues.
Mais un renversement
interprétatif s'affirme au XXe siècle où l'épisode est relu à la
faveur de la pluralité et de l'altérité afin d'éviter un repli sur soi
de l'humanité. Sans être détruite (selon la version canonique),
la Tour demeure à jamais inachevée et laisse ouvert un vaste
chantier d'investigations à l'image de sa représentation tantôt
pyramidale, tantôt hélicoïdale, voire à degrés.
"Aussi
longtemps qu'il y aura des hommes, la Tour durera", écrit le
poète Pierre Emmanuel. Ce vingtième et unième volume de la
collection Graphe rassemble treize études. A partir d'une
traduction inédite de la péricope et de son analyse exégétique
sont retracées les grandes étapes de sa réception, dans une
démarche intertextuelle et pluridisciplinaire. On découvrira
dans ces pages quelques-unes des relectures littéraires et
artistiques que la Tour de Babel a pu susciter au fil des siècles,
de la période patristique jusqu'aux oeuvres les plus
contemporaines, et toujours au miroir du texte biblique.