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A Brigitte Dennevy, Jean Cau avec lequel elle a entretenu une longue amitié, a dit un jour : "Vous avez le physique d'une cigale, mais vous êtes une redoutable fourmi". Il avait tout compris. Montée à Paris à vingt ans, pour devenir écrivain, elle va côtoyer Pierre Boutang, Julien Cracq, Cioran, Jean Dutourd, Henri Pollès, Joseph Losey, Gainsbourg et quelques autres. Mais elle porte en elle son histoire.
Celle d'une relation père-fille comme on n'en connaît guère d'exemple. Un père, engagé à 19 ans, en 1947, dans le Corps expédi-tionnaire d'Indochine. Un père lourd de secrets, de non-dits, de blessures jamais cicatrisées. Le "mal jaune" ? Plus que ça : d'insurmontables fêlures. Deux êtres écorchés vifs. Deux enfants "cassés" par la guerre d'Indochine. Et une petite fille qui cherche l'amour entre les gouttes.
Dire que ce Baiser d'Hô Chi Minh mortifère est un récit halluciné, serait encore ne rien dire. Que ceux qui sont habitués à une littérature tiédasse passent leur chemin. On est là dans le dur. Aux limites du névrotique. Brigitte Dennevy monte à Paris à vingt ans pour devenir écrivain non pas à la manière de Rastignac mais plutôt comme une Colette incisive prête à jouer le jeu d'une indépendance sophistiquée.
Après des études supérieures très vite achevées, elle travaille dans l'édition comme attachée de presse, lectrice. Elle y fréquente des petits et des grands écrivains qu'elle suit caninement avant de les lâcher, fatiguée par leur ego. Sa propre destinée littéraire commence avec ce récit névrotique et drôle sur un temps que les moins de quarante ans ne peuvent plus connaître. Une Indochine, celle de son père, inconnue de notre siècle, disparue de notre ADN.
S'engager à 19 ans dans le Corps expéditionnaire en 1947 et crever à Paris pour un idéal esthétique dans les années 80. Où se nichent les fêlures du père et de la fille ? Brigitte Dennevy y répond...