De Bach à Boulez : trois siècles de musique, trois siècles de créations, de reprises, de disparitions, longue traîne du présent, de toutes les oeuvres présentes. "Musics for piano" de John Cage, "Sonates" de Mozart, "Symphonie fantastique" de Berlioz, "Concerts royaux" de Couperin, "Saint François d'Assise" de Messiaen. Comment rendre compte de ces oeuvres ? Qu'est-ce qui fait l'oeuvre et sa valeur, en musique ? On connaît deux manières de répondre à la question, disons deux paradigmes de l'oeuvre d'art. Paradigme musicologique : l'oeuvre, c'est la partition ou le texte musical fixé sur un support (papier, bande, etc). Paradigme sociologique : l'oeuvre, c'est ce que des acteurs, critiques, publics, agents, institutions, désignent comme telle. Où compte avant tout l'intention esthétique. L'auteur revient sur l'un et l'autre, pointant les maillons forts et les maillons faibles de ces schèmes de pensée, et leur complicité dans le projet d'arrêter l'oeuvre d'art (à l'un de ses supports, à l'une de ses manifestations ou à telle explication). " L'art arrêté ! " Tel pourrait être le bandeau de nombre d'ouvrages sur le thème. Invite à ne pas les approcher! A l'intellectuel déçu par les sillons fermés de la pensée, au mélomane perdu devant la schématisation de ce qu'il aimait, proposons un autre chemin. Suivons une oeuvre " en liberté " décrivons ses manifestations (en concert, chez un disquaire, dans des conversations, des articles de presse), repérées par ce nom : "Sur Incises" de Pierre Boulez ; saisissons, plutôt qu'une oeuvre, "ce et ceux qui oeuvrent" et alimentent aujourd'hui notre passion.