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Le Bordeaux de François Mauriac, c'est d'abord le centre ancien, celui de la rue du Mirail, du côté de la Grosse Cloche, qui se poursuit autour de Sainte-Catherine et se prolonge au-delà des boulevards, vers Caudéran et Grand-Lebrun. Ce sont les lieux de l'enfance et de l'adolescence, les errances d'une famille où le père est absent, le parcours scolaire sous la coupe des marianistes. C'est aussi le Bordeaux du port, qu'à travers les fissures du beau décor classique de la place de la Bourse et de la Façade des quais, l'enfant-espion observe, guette, humant le fleuve et ébauchant ce qui deviendra son Bordeaux intérieur, celui dont il tiendra la chronique dans nombre de ses futurs romans.
C'est encore le Bordeaux des jalles, des pins et de la lande : de Château-Lange à Gradignan au chalet maternel de Saint-Symphorien, et bien sûr à Malagar, que Mauriac investit à l'âge de raison. Et il s'agit en réalité de bien plus que cela. Au contraire d'un tableau réaliste, Michel Suffran retrouve un Bordeaux mauriacien habité, enchanté, recomposé à la lueur de l'oeuvre, où la description d'un lieu résulte de la fusion de plusieurs.
La géographie urbaine, pour l'infini bonheur du lecteur, est métamorphosée par la puissance de la littérature.