L'Egypte renvoie à un passé fascinant, et c'est bien sur un site plusieurs fois millénaire, qui vit se développer les cités d'Héliopolis et de Memphis, ou encore s'élever les prestigieux complexes funéraires de Saqqâra et de Gîza, qu'est née sa capitale : Le Caire. La véritable fondation de la " Mère du monde ", comme l'appellent les Egyptiens, remonte cependant à 641. Des Arabes venus du Hedjaz prennent alors Babylone d'Egypte, forteresse romaine à quelques kilomètres au sud de la tête du delta du Nil. Une première ville voit le jour, Fustât, au nord de laquelle les Fatimides construisent bientôt la fastueuse cité princière de Qâhira. Celle-ci révèle sa grandeur à travers les sources littéraires, mais aussi des objets - ivoires, cristaux, tissus de soie et de lin, etc. -, des fragments de décor et des édifices religieux aussi notables que la mosquée-université al-Azhar, aujourd'hui encore l'un des phares de l'enseignement dans le monde musulman. A partir de 1171, Saladin, qui renverse cette dynastie chiite, puis Barqûq et Qâytbây, notamment, sont les maintes des lieux. Les Mamelouks - anciens esclaves qui exercent la réalité du pouvoir ornent la ville de monuments spectaculaires : mosquées, madrasas, mausolées... la " cité des morts " le dispute en luxe à celle des guerriers et des marchands. Lorsque les Ottomans s'emparent de la ville au XVIe siècle, ils continuent à la faire briller au plus haut, mais le rapide passage de Bonaparte en 1798 fait vaciller l'édifice. La prise du pouvoir en 1805 par un chef militaire d'origine albanaise, Muhammad' Alî, aura des répercussions sur la capitale. Ses héritiers s'inspirent des grandes métropoles européennes pour modeler Le Caire à leur image : immeubles à rotonde d'angle typiquement parisiens, fantaisie indienne comme le palais du baron Empain et villas à l'allure très britannique font leur apparition, tandis que traditions et styles égyptiens se transforment au contact de l'Art nouveau et de l'Art déco. La chute de Farûk voit l'avènement de Nasser, premier chef d'État de sang égyptien depuis plus de 2 000 ans ! Une nouvelle mutation pour faire entrer Le Caire dans la modernité et répondre aux défis d'une des villes les plus peuplées du monde, riche d'un patrimoine artistique inégalé. C'est ce patrimoine souvent méconnu que le présent ouvrage offre au regard du lecteur, ces églises coptes, mosquées, mausolées, madrasas, palais, fontaines au décor de pierre, de bois sculpté, d'ivoire, de marbre ou de céramique, qui se sont épanouis à l'ombre des pyramides.