Parfois je vous imagine, Monsieur le Président, entrant dans une pièce enfumée, où, autour d'une table couverte de cartes et de jetons, quelques costauds en bras de chemise ou en maillot de corps tapent le carton. Vos subordonnés, vos soldats, vos hommes, vos potes... Et je vous vois, un bout de cigare mâchonné aux lèvres, jeter sur eux un regard froid et un peu méprisant, le regard du chef sur ses hommes devenus soudain silencieux. Un de vos gardes du corps rallume respectueusement votre vieux bout de cigare. Et entre deux grosses volutes de fumée vous lâchez un sympathique : " Salut les hommes, et tant pis si je me trompe ! " Une manière de dire aux malfrats présents dans la pièce que, bien qu'étant leur chef, vous n'êtes pas un mauvais bougre, que vous êtes des leurs et que vous les aimez bien... Ils sont vos coquins, et vous êtes leur copain, pour reprendre une appellation qui vous colle à la peau, à vous et aux vôtres, depuis trente ans déjà. Ce portrait est celui d'un homme qui est président de la République depuis dix ans, largement plus qu'il n'en fallait pour corrompre moralement notre pays. Quant aux soldats de la Chiraquie, sous la plume alerte de l'auteur, ils composent une galerie de série B américaine. De Raffarin, le comique régional du Poitou, à Villepin, barde national, sorte d'Assurancetourix de salon, en passant par Tiberi, qui, comme un petit caïd, fait trembler l'Elysée. Sans oublier le couple vaudevillesque formé par le Grand Jacques et le Petit Nicolas. Benoît Rayski dresse un réquisitoire, féroce et hilarant, contre Jacques Chirac. Un pamphlet qui a la violence d'une nécessaire insurrection morale.