Balzac écrit du cousin Pons qu'"il trouva dans les plaisirs du collectionneur de si vives compensations à la faillite de la gloire, que s'il eût fallu...
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Balzac écrit du cousin Pons qu'"il trouva dans les plaisirs du collectionneur de si vives compensations à la faillite de la gloire, que s'il eût fallu choisir entre la possession de ses curiosités et le nom de Rossini, le croirait-on ? Pons aurait opté pour son cher cabinet". Les collectionneurs les plus acharnés ne parviennent pas eux-mêmes à expliquer cette pulsion irrépressible, cette faim qui n'est jamais totalement apaisée, tant la préférence des choses aux êtres permet de contenir des émotions qui font écho à des traumatismes anciens.
Le psychanalyste américain Werner Muensterberger a exploré les motivations des collectionneurs au cours d'un formidable périple à travers le temps, depuis les patriciens romains férus d'oeuvres grecques jusqu'aux milliardaires américains, en passant par les chasseurs de reliques au Moyen Age et les bourgeois hollandais du siècle d'or. Il traverse une galerie de portraits historiques où, parmi les monarques et les érudits, dominent les figures de Balzac, obsessionnel du bric-à-brac, et de son contemporain Thomas Phillipps, qui voulait se procurer "un exemplaire de tous les livres parus dans le monde entier".
Cette anatomie d'une passion qui peut devenir aussi dévastatrice que le jeu se déroule dans un cabinet de curiosités où, au dire de leurs propriétaires, les objets sont comme les témoins silencieux de l'éternité.