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Il n'y a pas d'antinomie entre la psychanalyse et la biologie, car elles traitent de phénomènes d'un ordre différent, leur causalité n'est pas la même. Par contre, il existe une divergence entre deux orientations du mouvement psychanalytique selon qu'un rapport d'"interaction" des phénomènes psychanalytique avec un niveau biologique est postulé ou non. Dans le premier cas, la psychanalyse est conçue comme la branche psychologique d'une conception plus générale et préexistante de l'être humain comme composé bio-psycho-social.
Dans l'autre, qui marque une coupure avec cette conception, ce qui est mis en avant c'est plutôt l'incidence pour ainsi dire d'une "autre biologie" qui est spécifique de l'être parlant. C'est l'orientation prise par Lacan. Un rapport différent au paradigme évolutionniste reflète cette divergence. Nous tentons de montrer, en suivant Lacan, que la rupture avec ce paradigme est ce que la psychanalyse suppose dans sa nouveauté radicale, alors même que l'évolutionnisme constitue l'ambiance conceptuelle où elle a surgi.
Les notions majeures et les hypothèses de la découverte freudienne vont à l'encontre de la logique évolutionniste dont elles empruntent, à l'occasion, les termes. C'est donc également de deux lectures différentes de Freud qu'il s'agit, selon qu'on se limite à le considérer comme le "Darwin du psychisme", comme l'écrit E. Jones, ou selon qu'on prend la mesure de la nouveauté radicale que le champ ouvert par Freud constitue par rapport à toute conception préalable de l'être humain, celle de l'évolutionnisme y comprise.
C'est à la lumière de cette différence de rapport à l'évolutionnisme et de lecture de Freud que les principales notions psychanalytiques ayant trait au corps de l'être parlant sont exposées dans cet ouvrage.