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" Zerrissenheit " : le terme allemand paraît aller de soi, surtout si l'on songe à Heinrich Heine qui l'a érigé en catégorie d'analyse du moi et du monde. Pourtant, une fois précisée ainsi ce qui est une émergence historique possible du vocable, il s'est avéré fécond d'analyser les diverses occurrences que la notion de " déchirement " a ensuite essaimées dans les lettres et la pensée des pays de langue germanique.
Cette aire géo-linguistique est parcourue dans toute son ampleur. Sont explorées des formes et des figures symptomatiques de la susceptibilité nerveuse, de la mélancolie, de la conscience aiguë de la finitude caractérisant, du XIXe au XXIe siècle, ce " déchirement " tragique chez des auteurs qui le transformèrent en une " déchirure " nécessaire, une naissance à soi, un accès à la liberté créatrice.
Les genres abordés recouvrent littérature, civilisation et histoire des idées. De Friedrich Schlegel à Kerstin Specht et au théâtre contemporain. Du dilemme qui déchire un Alfred Meissner ou un Moritz Hartmann aux ambiguïtés de l'opposition nationale-conservatrice ou de l'Eglise protestante face à Hitler. Chez Eduard Mörike et Theodor Storm, chez Hermann Broch et Ludwig Winder, chez les frères Jünger et Gregor von Rezzori, ou encore chez Henriette Hardenberg et Paul Celan.
Ces contributions, offrant une lecture croisée et des comparaisons suggestives, dressent le bilan d'une notion qui n'a cessé, près de deux siècles durant, de donner lieu, dans les mentalités et les textes, aux manifestations les plus diversifiées.