Le domicile au coeur du vieillissement

L'histoire du maintien à domicile, déjà bien ancienne, s'est construite au croisement de logiques financières, sanitaires et/ou sociales, créant un contexte " morcelé ", concurrentiel et contraint qui fragilise structurellement le " secteur " de l'aide à domicile. Aujourd'hui, la rationalisation produite par les réformes successives, les pressions administratives et financières sur les services et sur les professionnels conduit à des conditions de travail extrêmement difficiles.
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid 19 a accentué ces difficultés et a rendu la situation encore plus tendue. Cette rationalisation ainsi que les conditions administratives et financières contraignent la durée et la forme des interventions. Elles limitent l'autonomie des professionnels et altèrent le sens d'une pratique conditionnée à la possibilité de s'adapter aux personnes soignées et accompagnées ; elles empêchent de penser les interventions de manière concertée entre professionnels.
Il semble qu'on puisse parler aujourd'hui d'une véritable crise de la professionnalité dans le secteur. On le voit, en réalité, vivre à domicile lorsqu'on avance en âge est une problématique complexe. Ce choix de vie repose sur une balance oscillant entre des bénéfices à promouvoir et des risques qu'il s'agit d'essayer de maîtriser ou de minimiser pour que les situations soient favorables à une vie de qualité et conforme aux aspirations des personnes.
Il repose également sur un maillage social étiré entre entourage de la personne âgée, communauté et services d'aide et d'accompagnement accessibles, adaptés aux besoins. Si cet accompagnement est pointé comme étant une priorité des politiques en France, il peine cependant à se structurer dans l'efficience de ses missions et tend par là même à poser de nombreuses questions éthiques.