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De l'usage de la perspective à la maîtrise des effets de lumière ou à la représentation convaincante d'objets quotidiens, l'illusionnisme est au sein des définitions communes de l'art de la Renaissance. Si, de longue date, les historiens de l'art ont examiné ces développements et sondé une grande variété de documents écrits (manuels d'artistes, correspondances, traités techniques, récits de voyage, etc.), jamais encore le rôle du livre lui-même comme vecteur d'illusionnisme aux XVe et XVIe siècles n'a été véritablement abordé.
C'est chose faite avec les deux essais qui composent cet ouvrage et mettent en évidence l'engouement des artistes de la fin du Moyen Age et du début de la Renaissance pour la forme matérielle du livre, qu'il s'agisse de sa représentation en peinture ou des effets d'enluminure virtuoses que l'on trouve dans les différents types de mises en pages. Le premier essai examine comment les livres apparaissent dans les tableaux et les fresques, où loin de n'être que de simples détails anodins, par la subtilité des effets picturaux qu'ils recèlent, ils nous renseignent plus encore sur la peinture elle-même que sur les volumes réels auxquels ces artisans ont pu avoir accès.
Le second retrace l'essor des effets illusionnistes dans l'enluminure des XVe et XVIe siècles et met en évidence le langage visuel élaboré par les enlumineurs, qui continue à nous fasciner par sa richesse et son inventivité, entre représentation et réalité. A travers ces investigations, l'auteur insiste sur la capacité de la peinture non seulement à représenter le réel, mais à imaginer un univers alternatif.
A l'époque même où l'édition imprimée se propage et risque de bouleverser les acquis symboliques de l'ancien format du manuscrit, les représentations visuelles du livre et dans le livre deviennent ainsi de puissantes métaphores pour les profondes transformations culturelles qui étaient alors à l'oeuvre.