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Le "Mont-de-piété", "ma tante", "le clou", sont des
appellations du prêt sur gage (forme de crédit social basé sur
l'hypothèque d'un objet personnel) qui ont marqué l'esprit des
Français depuis le XVIIIe siècle. Aujourd'hui, l'évolution du
Mont-de-piété vers le Crédit municipal de Paris (CMP)
témoigne de la permanence de l'institution qui a gardé son
attrait au coeur du quartier du Marais à Paris.
Cet ouvrage
revisite "ma tante" à la lumière de la crise économique et
sociale qui a touché la France à la fin des années 2000. Dans
une approche socio-anthropologique, il décrit les populations
fréquentant le CMP. Une partie de ses actuels clients, les
nouveaux pauvres, se comptent désormais parmi les
communautés étrangères (africaines, nord africaines, sri
lankaises, asiatiques...).
Ils rejoignent les catégories aisées de
la société française, bourgeoisie et professions libérales, puis
les classes moyennes et les retraités, affaiblis par le
surendettement et l'exclusion bancaire. Le prêt sur gage
devient la banque du dernier recours et de tous par delà les
distinctions sociales, où se côtoient et s'évaluent, entre
sentiments de honte et compassion, immigrés de plusieurs
générations et français de souche.
Au fil d'une narration
vivante et nourrie d'émotions, le lecteur découvrira le prêt sur
gage au quotidien. Récits d'expériences et fragments
d'histoires de vie l'informeront sur les attitudes de la clientèle
(discrétion, anonymat, négociation), ou sur les usages du gage
(coffre fort, stratégie de vente, trésorerie flexible). Il s'y
familiarisera avec les mondes sociaux et la biographie des
objets négociés : biens familiaux, effets personnels, bijoux
étrangers, ouvres d'art et ventes aux enchères.
Enfin, il y
percevra les valeurs sociales portées par le CMP : la confiance
en un service cautionné par la puissance publique, une
transaction structurée par la complicité d'un personnel en
empathie avec ses clients, les pouvoirs de l'argent et la
symbolique du monnayage, l'acquisition d'une autonomie
économique face au crédit bancaire, mais aussi le
renforcement d'une fragilité sociale.