Tapis rouge, photos sur le perron de l'Elysée, réceptions et cérémonies, le cérémonial du protocole est aujourd'hui toujours scrupuleusement respecté. Pourquoi les hommes politiques sont-ils si sensibles aux honneurs et préséances qui leur sont dus ? Pourquoi sont-ils prêts à provoquer un incident diplomatique si on ne les place pas, à table ou dans une tribune, à l'endroit auquel l'âge, l'ancienneté ou le rang leur donnent droit ? Cette susceptibilité prend racine dans l'histoire. Les futilités solennelles qui règlent le protocole datent du Moyen Age. Louis XIV en fit un système politique sous le nom d'étiquette. Napoléon l'a codifié. Et la République en use et en abuse. Il n'est pas une sous-préfecture rurale ou un consulat à l'autre bout du monde où on ne se livre avec délice aux obligations du cérémonial. Pénétrer dans les coulisses du protocole, c'est aussi explorer l'antichambre du pouvoir. Le protocole, pour de Gaulle, incarnait l'ordre dans l'Etat. François Mitterrand y voyait la quintessence du savoir-vivre. Le président de la République étant la clef de voûte de la représentation nationale, c'est à l'Elysée que Marie-France Lecherbonnier a mené son enquête. Puis au quai d'Orsay où est installé le service du protocole. De la remise des lettres de créance à la préparation des dîners d'Etat, des appels d'offres auprès des fournisseurs aux cadeaux officiels, c'est en effet là que tout se décide. Elle y a recueilli une foule d'informations, mais aussi quantité d'anecdotes réjouissantes et de détails inattendus.