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Construit comme un puzzle, Le Siège de Vienne fait appel à la fois à la mémoire d'un passé lointain (l'Empire austro-hongrois) et à celle d'un passé plus récent (la Roumanie libérée du communisme du début du XXIe siècle). Le lecteur se trouve dans une ville du Nord de la Transylvanie qui vit au rythme des préparatifs précédant les fêtes de fin d'année, plus exactement les trois dernières journées de décembre 1995.
Son ouverture et son ironie donnent à ce texte une dimension centre européenne, ses paysages, son humour, le langage des personnages, le choix des noms (qui renvoient à Ionesco), les allusions littéraires (à Cioran, immanquablement) le définissent comme une création roumaine aux qualités incontestables. Ecriture rare, sensible et intelligente à la fois, style riche, sens souterrain se décantant petit à petit - telles sont les qualités de cette oeuvre d'exception.
Roman réaliste, il intègre de façon naturelle le fantastique d'un Boulgakov ou d'un Chagall. Il aborde l'histoire européenne en ce qu'elle a eu de plus concret et de saisissant : la dernière guerre mondiale, le goulag russe et roumain, la Révolution hongroise de 1956, le "dégel roumain" de 1966, le Mai parisien, la Révolution roumaine de 1989 et la chute du communisme. Les personnages - Roumains, Hongrois, Allemands, Juifs, Arméniens, qui constituent un milieu multiethnique et une Babel harmonieuse où les différences linguistiques ne sont pas un obstacle à la communication - sont unis dans la fierté d'avoir appartenu à un ancien empire et en même temps dans le complexe d'habiter loin du centre, loin de la Vienne imaginée comme la cité idéale.
Mais Vienne n'est plus ce qu'elle a été et, pire encore, c'est le monde entier qui semble avoir totalement changé dans la dernière moitié du siècle.