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Russie, fin du XVIe siècle. Le tsar Boris Godounov languit, dévoré par le remords d'avoir ordonné le meurtre sanglant du petit tsarévitch, âgé d'à peine huit ans. Avec épouvante, il voit resurgir le fantôme de sa victime. Loin de ces intrigues politiques, au coeur de la campagne, la fille d'un meunier trompée par un prince, éperdue de désespoir, se jette dans le Dniepr : elle deviendra Roussâlka, divinité des eaux.
Plus loin encore, en Europe, alors que Don Juan est transi d'horreur devant la statue de marbre du commandeur, venue l'entraîner aux enfers, un chevalier rumine des désirs parricides. Et Salieri sanglote en écoutant Mozart jouer son Requiem. Passions, tragédies, histoire, légendes : le théâtre de Pouchkine est un kaléidoscope, qui saisit en quelques pièces tous les registres de l'écriture et de l'inspiration, des grandes figures du folklore ou du mythe aux plus obscurs tourments de l'âme humaine.
Il est ici donné dans une traduction d'Andreï Vieru, sans doute la plus apte à rendre la musicalité d'un auteur qui fut avant tout poète - seule la sensibilité d'un grand pianiste pouvait nous emporter dans le rythme et la légèreté mozartienne de ces drames, petits joyaux de la littérature russe qui inspirèrent Moussorgski et Rachmaninov. Andreï Vieru a traduit les pièces de Pouchkine et rédigé l'ample postface de cet ouvrage.
Pianiste, il s'est produit en récital, seul ou en musique de chambre, dans les grandes salles parisiennes où il joue Liszt, Bach, Beethoven ou Stravinsky. Ecrivain et philosophe, il a notamment publié Le Gai Ecclésiaste. Regards sur l'art (Seuil, 2007) et Eloge de la vanité (Grasset, 2014).