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Prenant appui, à titre de préalable méthodologique, sur les protocoles de l'analyse statistique appliquée à un corpus de douze récits de voyage parmi les plus représentatifs du XIXe siècle, et à un second corpus constitué de douze oeuvres de fiction signées par les mêmes écrivains-voyageurs et servant de norme différentielle, Véronique Magri-Mourgues, dans Le Voyage à pas comptés, se propose de baliser, sur des bases quantitatives dès lors rigoureusement établies, les marques et les pratiques les plus manifestes de l'écriture viatique de Chateaubriand à Loti.
L'enjeu est d'importance puisqu'il ne s'agit de rien d'autre que de se donner les moyens d'aller au-delà d'une description empirique d'un genre généralement considéré comme protéiforme et élusif, afin de définir les conditions et les composantes de sa poétique saisie dans le moment de son histoire où l'écrivain vient à en occuper la scène. L'étude stylistique de Véronique Magri-Mourgues, tout en dégageant des dominantes et des tendances majoritaires qui permettent de singulariser la praxis du récit de voyage dans son rapport à l'oeuvre de fiction, procède par analyses fines et nuancées, réglées sur une écoute sensible des textes, et attentives à relever leurs particularités comme leurs modalités atypiques.
Il s'agit là d'une réflexion dont l'apport théorique et critique se révèle essentiel pour une meilleure connaissance du genre. Roland Le I-Iuenen (Université Victoria, Toronto, Canada)