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L'oeuvre tragique d'Etienne Jodelle (1532-1573) est à la fois célèbre et méconnue. Célèbre, parce qu'on se souvient qu'il est l'auteur de Cleopatre captive, la première tragédie à l'antique, en cinq actes et en vers, écrite en français; méconnue parce que cette pièce fondatrice n'est guère étudiée, et moins encore Didon se sacrifiant, deuxième et dernière tragédie connue du poète. L'inscription de cette seconde pièce au programme de l'Agrégation est donc l'occasion d'analyser en détail un véritable chef-d'oeuvre négligé, et du même coup de jeter un regard renouvelé sur l'histoire d'un genre, la tragédie française, qu'on ne considère généralement que dans les formes qu'il a reçues au XVIIe siècle.
Pourquoi représenter l'histoire de Didon au milieu des années 1550 ? Pourquoi glorifier ainsi la fureur et la parole passionnée d'une femme sacrifiée à la raison d'Etat romaine ? Pourquoi ce constat amer que "bien souvent l'amour à la mort nous marie" ? A ces questions qui engagent l'interprétation du sujet de la pièce s'en ajouteront d'autres, de deux ordres : il s'agit d'une part de rendre compte de l'écriture de Jodelle, cette rhétorique âpre et tendue qui compte parmi les plus singulières du XVIe siècle, et d'autre part d'interroger de manière renouvelée la dramaturgie à l'oeuvre dans cette tragédie.