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Capitale de la Douleur est sans doute le premier volume important de Paul Eluard, et l'un des livres de poésie les plus lus au vingtième siècle (quatrième vente de la collection Poésie/ Gallimard). Il a donc joué un rôle important dans la constitution de la sensibilité poétique au siècle dernier, et influencé nombre de poètes contemporains. Pourtant il n'est pas aisé à lire. Construction déroutante, images souvent "évidentes" mais cependant "inexplicables".
Elles imposent leur originalité à un lecteur toujours séduit par ce jeu de la transparence et de l'opacité. Embarqué dans une écriture à nulle autre pareille, qui allie la beauté à la simplicité, il est confronté à l'énigme aussi bien qu'au mystère d'une création où les deux maîtres-mots de l'oeuvre éluardienne semblent en crise : l'amour et la poésie. C'est à cette crise mise en "œuvre", à cette dialectique de l'espoir et du désespoir, que Capitale de la Douleur doit son pouvoir enchanteur.
Et laisser alors la parole à son ami Breton : "plus encore que le choix que Paul Eluard impose à tous et qui est celui, merveilleux, des mots qu'il assemble, dans l'ordre où il les assemble - choix qui s'exerce d'ailleurs à travers lui et non, à proprement parler, qu'il exerce - je m'en voudrais, moi, son ami, de ne pas louer seulement et sans mesure en lui les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides, les déchirants mouvements du coeur."