On sait, depuis John L. Austin, que le langage n'a pas pour fonction exclusive de représenter la pensée ou la réalité. Il permet aussi d'accomplir des actes d'un certain type ordonner, avertir, promettre, autoriser, menacer, etc. Ces actes sont, d'après le philosophe d'Oxford, des actes de langage et relèvent de la pragmatique. Or, si l'on y regarde de plus près, on constate qu'ils peuvent être utilisés, dans certaines circonstances, pour décider d'une orientation, affecter des tâches ou des responsabilités, s'engager à faire ceci ou cela, promettre d'agir ou fonder la confiance. Employés dans des conditions spécifiques, ces actes de langage appelés illocutoires, suffiraient à organiser le travail d'une équipe, monter et lancer un projet ou, plus simplement, à faire des contrats, à nouer des relations, à engager des transactions. La théorie des actes de langage aura, à propos des organisations contemporaines (projets, ingénierie concourante, équipes de plateaux...), un domaine d'applications privilégié dans lequel la priorité est donnée au lien communicationnel. Ce lien, créé ou transformé par l'acte de langage, fonde l'effort de coopération, garantit la confiance et assure aux structures ad hoc une relative stabilité. L'auteur a puisé dans une longue expérience des projets technologiques matière à vérifier cette hypothèse.