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" L'émeute " de novembre 2005 a remis sur le devant de la scène politico-médiatique les jeunes des classes populaires et leurs pratiques " déviantes ". Comment les expliquer sociologiquement ? En mettant en perspective une double série d'enquêtes ethnographiques séparées par une trentaine d'années, on peut décrire un espace des styles de vie " déviants " structuré par trois pôles - " le monde des bandes ", " le milieu " et " la bohème populaire " - et analyser les permanences et les transformations de cet univers au fil du temps.
Les pratiques du monde des bandes ont pour principe unificateur l'affirmation des valeurs de virilité, celles du milieu, le culte de la richesse, celles de la bohème populaire, la bonne volonté culturelle qui, s'investissait dans la " contre-culture ". Quels sont les effets de la crise de reproduction qui affecte les classes populaires depuis la deuxième moitié des années 1910, sur ces pratiques " déviantes " ? Si les aspirations culturelles frustrées s'expriment aujourd'hui comme hier dans une " bohème populaire ", on peut actuellement y distinguer deux pôles : l'un tourné vers la " culture hip hop ", l'autre vers la quête du salut religieux.
L'extension du chômage et de la précarisation conduit à la recherche d'alternatives au salariat (" deal " et " bizness "), brouillant les frontières entre le milieu et le monde des bandes. L'ethos viril et l'indignation morale que suscitent les " bavures policières " s'expriment sporadiquement dans les " violences urbaines " : révoltes " proto-politiques " susceptibles de conversion en " expression politique " dans la mesure où elles rencontrent une offre de sens et de réhabilitation symbolique.