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Dans les textes présentés ici, plusieurs objets ont été répertoriés comme relevant (ou ayant relevé) de la marge. En suivant l'ordre de leur déroulé, les petits récits d'Abidjan ou "écritures de la rue" ; la littérature de masse d'un certain Isaïe Biton ; les récits d'une diaspora africaine mondialisée ; le répertoire des héros inspirés par un acteur situé hors de la littérature comme Frantz Fanon ; la littérature ivoirienne en situation de crise militaro-politique ; et le positionnement médiatique comme genèse et structure d'un capital symbolique en histoire littéraire africaine, sont autant d'objets de la marge qui invitent à (re)penser les frontières institutionnelles de l'ainsi désignée "littérature africaine".
De même, le Zouglou, un rythme musical des jeunes des quartiers populaires d'Abidjan, le français approximatif de Birahima, un personnage d'Ahmadou Kourouma ; les discours africains du divin dont Jean-Marc Ela, le prêtre jésuite Camerounais se trouve être le porteur d'oriflamme ; le vieux mythe de Cham et les idéologies concurrentes qu'il génère ; la définition d'une identité de "femme" dans l'Afrique contemporaine et les récits de voyage d'Alain Mabanckou, posent à leur tour le problème de la représentation sociale par le discours littéraire.
Enfin, la sociologie spontanée des écrivains (africains), remplissant fonction d'imagination scientifique non négligeable dans l'économie du savoir sur l'Afrique ; le dialogue entre "géohistoire" et "champ littéraire" ; l'absence grossière de la clinique littéraire dans la critique africaine ; les écritures africaines de soi comme une autre histoire de la critique, faisant cohabiter l'identité du penseur (ici Mudimbé et Mbembe) et son objet de pensée ; et les idéologies de la critique africaniste telles qu'elles irriguent encore aujourd'hui une certaine "école d'Abidjan", sont assez suffisants pour dire combien l'enjeu du champ littéraire se joue aussi et surtout au niveau du rapport étroit entre le texte et sa méthode critique, c'est-à-dire, son double nécessaire.
Quoi qu'il en soit, l'"autre" définition d'un "champ littéraire africain" pourrait être cet ensemble des manières d'écrire, de lire, de penser, de déclasser et ré-classer, traduisant une lutte de définition de la littérature elle-même.