Les compagnons du Prophète

La civilisation musulmane est l'œuvre d'homme et de femmes qui ont contribué à fonder et à étendre un empire allant de la Chine à l'est jusqu'à l'Espagne à l'ouest. Cet empire né dans la ferveur religieuse. la simplicité, l'égalité et l'abnégation, a connu dans certaines périodes, ce que d'autres civilisations ont connu, à savoir la lutte pour le pouvoir, l'égoïsme et l'injustice. L'Islam dans son essence, à souvent été étranger à des phénomènes sociaux qui font accompagné : cet ouvrage tend à le démontrer. V. Yagi a choisi de présenter des compagnons du Prophète avec le souci de faire revivre cette foi. cette ardeur et cette flamme, qui ont transformé ces premiers hommes de l'Islam et qui les ont poussés à vouloir changer le monde d'alors. On y rencontre des hommes de races et de milieux différents. Autour du Prophète, un groupe de soixante dix-sept vies des Compagnons. Ce nom désigne les hommes et les femmes qui dès le début de la Révélation crurent au message et tous ceux et celles qui par la suite se trouvèrent vivre de près ou de moins près du prophète de l'Islam. Ces vies sont basées presque uniquement sur les sources arabes. Elles firent l'objet d'un cours de Sira (biographie du Prophète et des ses Compagnons) donné à l'Université Islamique d'Omdurman en classe de maîtrise. Ces vies furent également mises au programme des émissions religieuses en français à la Radio d'Omdurman. La vie des Compagnons est pour nous une leçon de courage, de patience, d'abnégation, de juste mesure. C'est un sujet de réflexion servant à alimenter notre soif spirituelle mais aussi une règle de vie à méditer et à essayer d'adapter à la nôtre par-delà le temps et les lieux. Ces grandes figures sont pour nous vivantes et sont des exemples à suivre. Ce livre vient compléter du même auteur celui sur les figures de l'Islam (Publisud, 1997) rédigé avec Abderrahmane Moalla, professeur de littérature et de civilisation Arabo-Musulmane à l'Université de Lattaquié. Déjà dans ce livre, les auteurs avaient proposé des figures d'un l'Islam humain, simple et ouvert et voulu brosser un tableau de cette civilisation. Les figures retenues ne sont pas toujours des personnages de premier rang, aux noms très célèbres. Leur choix s'est porté sur des noms peu connus, mais très représentatifs, dont les actions révèlent, avec une grande chance d'objectivité, des aspects ignorés ou pas assez compris de l'histoire de la civilisation musulmane. Dans une première partie tels Bilai et Zayu étaient des esclaves, d'autres comme Sa'd ou al-Muthanna des chefs de clans, d'autres comme Hamza ou Abu Dujana étaient des guerriers célèbres. Mais tous, avec d'autres beaucoup plus connus, ont contribué à la victoire de cette révolution qu'était l'Islam à ses débuts. Dans la deuxième partie, A. Moalla a voulu dépasser dans le temps et dans l'espace ce creuset de foi active des compagnons du Prophète, pour présenter des femmes qui ont pu s'épanouir à l'ombre chaude de l'Islam. Ainsi, des siècles séparent Asma, la fille du premier calife en Arabie, de Wallada, la fille du dernier calife d'Andalousie. Des milliers de kilomètres séparent Cordoue de Delhi où la sultane Radhia régnait. On trouve dans ces figures féminines des activités, des conditions et des personnalités différentes. Il y a la poétesse, la guerrière ou la reine, la mystique ou l'insouciante, l'ambitieuse ou la humble. Il n'est pas question de recluses, de déclassées ou de rejetées ! Tout cela pousse beaucoup d'historiens et de sociologues à considérer que la réclusion de la femme et la misogynie sont des phénomènes bien tardifs dans les sociétés musulmanes et ce, dans des périodes de décadence et de trouble.