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Quelles raisons avancer pour expliquer l'indifférence dont Walther Straram a fait l'objet ? Elles sont certainement à chercher tout d'abord du côté de l'homme lui-même, de sa personnalité d'une discrétion extrême et de son détachement à l'égard des honneurs. Au demeurant, sa vie et sa carrière ont été courtes : largement autodidacte, il connaît la consécration avec deux premières séries de concerts de musique contemporaine en 1923 et 1925, mais surtout grâce au lancement de ses concerts en 1926, alors qu'il a dépassé l'âge de cinquante ans et qu'il ne lui reste que peu d'années à vivre.
De plus, il n'a rien publié et n'a pour ainsi dire jamais accordé d'entretiens. Enfin, son activité n'ayant pas bénéficié de subventions et s'étant au contraire développée grâce à des fonds strictement privés, provenant de surcroît des Etats-Unis, elle est demeurée en marge des grandes institutions. S'inscrivant à rebours de la conception traditionnelle de la culture en France, marquée par un fort interventionnisme étatique, son activité ne pouvait bénéficier de cette consécration officielle qui souvent suffit à faire naître l'intérêt.
La démarche méthodique et pragmatique de Walther Straram inspire le plan de ce livre. Elle consiste tout d'abord à poser un diagnostic de la vie symphonique parisienne qui fournit les principaux éléments de contexte. Sur la base de celui-ci, Straram énonce des objectifs stratégiques et artistiques qui se traduisent avant tout dans une conception nouvelle de la programmation. Ces objectifs sont mis en oeuvre dans le cadre d'une approche entrepreneuriale.
On l'aura compris, le présent ouvrage a donc aussi pour ambition de restituer la place qu'il mérite à l'entrepreneur de spectacles, chaînon manquant du processus de production-diffusion-réception des oeuvres.