INSCRITS dans un espace géographique qui taisait de leur île un lieu d'arrivée (conquêtes, commerce, relégation, immigration), comme un lieu de départ, les Corses ont de tout temps entretenu avec leur " extérieur " des rapports ambivalents. Cet extérieur vécu tour à tour comme lieu de malheur ou d'avenir, source de crainte ou d'espoir, a alimenté au cours des âges un imaginaire et des comportements qui trouvèrent à s'exprimer de façon significative dans ce moment si particulier de l'histoire de France récente qu'est la période coloniale. Souvent engagés aux avant-postes de la colonisation au service de l'empire, porte-drapeaux de ce qui s'appelait alors " civilisation et modernité ", ils ont cependant été aussi bien du côté des opprimés et des spoliés, défenseurs d'une certaine idée de l'homme et de l'humanité. Bataillant, au sens propre comme au sens figuré, ils furent tantôt les petites mains, tantôt les idéologues de ce qui aujourd'hui, avec la décolonisation et les indépendances de pays qui avaient été soumis, est revenu sur le terrain de l'éthique et de la morale, et de l'interprétation historique. Repentance, excuses, nouveaux partenariats, néo-colonialisme, le débat est foisonnant sur des braises toujours brûlantes. Débat qui se double en Corse même, depuis les années soixante-dix, d'un questionnement inverse, nouveau et souvent virulent, celui de la colonisation de l'île par la France... Revenant aux textes et au contexte, l'auteur propose de reprendre avec lui, en historien, les méandres d'une histoire coloniale qu'il connaît bien, et l'histoire de l'insertion des Corses dans celle-ci - qu'il agrémente de portraits et d'histoires de vie -, avec le soucis d'ouvrir à partir de rappels et de faits nouveaux ou méconnus des pistes de réflexion et des interrogations afin qu'elles alimentent un débat sain et renouvelé essentiel pour aborder notre histoire... et notre avenir.