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Figure emblématique de la Mission jésuite de Pékin, Joseph-Marie Amiot (1718-1793) contribua à faire connaître la Chine en Europe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle par une abondante correspondance et de nombreux mémoires qui abordèrent des sujets aussi divers que les sciences astronomiques, la médecine et la philosophie. Si l'historiographie récente a surtout retenu l'apport du P. Amiot à l'étude de la musique chinoise et en a fait un des précurseurs de l'ethnomusicologie, on ignore généralement qu'il joua un rôle analogue à l'égard de l'ethnochorégraphie moderne dans la découverte des danses rituelles de cour.
La présente publication s'articule autour de l'édition critique et de la reproduction d'une sélection de planches de deux manuscrits inédits datés de 1788 et de 1789. Tirés principalement d'un écrit de Zhu Zaiyu (1536-1611) et conçus comme un tout, ces textes constituent un des mémoires les plus volumineux jamais envoyés en Europe par les missionnaires. La recherche des sources du manuscrit entraîne le sinologue d'aujourd'hui dans le dédale de la littérature chinoise relative à la musique, à la poésie et à la danse.
Ce mémoire l'invite aussi à replacer l'oeuvre d'Amiot dans le contexte d'une époque qui fut marquée par l'intérêt pour la philologie, le retour au passé et l'esprit critique. Un historique de la représentation des danses met par ailleurs en exergue l'originalité de la démarche de Zhu Zaiyu. Enfin, une comparaison entre le texte d'Amiot et les originaux chinois permet de mieux appréhender l'état d'esprit du jésuite qui rendit compte avec scrupule de la mentalité et de l'imaginaire chinois dans la description des chorégraphies.