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De 1630 à aujourd'hui, sous le même nom ou sous un autre, derrière cette sorte de rideau de scène qu'est "le mythe de Don Juan", se pressent une cohorte de figures. Y avait-il danger pour l'existence du mythe à rechercher un lien entre les traits apparemment fort dissemblables de ces descendants de la lignée hispanique ? A partir du Burlador, modèle espagnol originel, l'écart qui s'était creusé entre l'esprit français, reflété par les dialogues de Molière, et l'esprit italien, teinté par les lazzi de la Commedia dell''Arte, s'est comme comblé dans ce dramma giocoso Autrichien, structuré par une forme organique propre aux compositeurs de langue germanique, la forme "sonate".
Ces successives métamorphoses ont mobilisé la curiosité d'abord, les recherches ensuite, des deux auteurs de cet Essai. Michel Borne a mené des investigations sur "la naissance et la mort du libertin", c'est-à-dire sur les différentes formes de transgression, depuis Théophile de Viau jusqu'au Marquis de Sade. En s'attardant sur le "Dom Juan" créé par Molière, "personnage impénétrable et serein, qui nous contemple encore du haut de ses trois siècles avec un sourire narquois que l'enfer n'a pu entamer".
Eveline Andréani a reconstitué la forme dynamique de la partition de Mozart et les rapports de sens entre le texte de Da Ponte et la musique, puis a tenté de recomposer les stratégies du mouvement de l'oeuvre. Eclairer la grammaire et la rhétorique de Mozart en auscultant le phénomène du libertinage et ses résonances et en analysant l'évolution des mentalités est l'objet central de ce texte à deux voix.
Les inconditionnels du Don Giovanni de Mozart y trouveront peut-être des réponses, non exclusivement musicales, aux questions qu'ils se posaient sur le libertinage en général, plus particulièrement sur le portrait de libertin qu'a tracé le compositeur. Et les littéraires curieux d'une approche musicale constateront sans doute que le déchiffrement d'une partition peut n'être pas énigmatique à des non-spécialistes.