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Barack Obama a cru demeurer celui qui avait liquidé les derniers vestiges de la guerre froide : en initiant en 2009 la remise à zéro des relations avec la Russie ou en enterrant définitivement les restes de la guerre froide sur le continent américain comme il le déclara à la Havane en mars 2016. Pourtant, c'est bel et bien sur le retour de la guerre froide avec la Russie que s'est achevé son second mandat.
Depuis l'été 2015, les colonnes des grands journaux américains n'hésitent plus à parler ouvertement de guerre froide pour caractériser l'état de tensions entre les deux pays. La réapparition de ce concept correspond à "un changement d'orientation stratégique majeur" lorsque le Pentagone décide, en août 2015, d'ériger à nouveau la Russie en menace numéro 1 pour la sécurité des Etats-Unis devant l'Etat islamique.
Cette inflexion fut l'aboutissement d'une lente dégradation des relations bilatérales depuis le retour de Vladimir Poutine à la tête de l'Etat russe. Le point culminant des tensions fut évidemment l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Depuis la campagne présidentielle de 2016, la question des relations avec la Russie n'est plus seulement une préoccupation d'experts de la sécurité nationale ou de géopoliticiens : elle a fait irruption au centre du débat politique américain.
Le retour des tensions avec la Russie explique en effet la centralité que le thème de la sécurité nationale a occupée durant la campagne. L'objet de cette étude est d'examiner comment, entre 2014 et 2016, la Russie est passée du statut de simple rival géopolitique à celui de principale menace pour la sécurité des Etats-Unis, au point que les stratèges envisagent désormais divers scénarios de guerre ouverte.
Cet essai a pour objet d'exposer les points de vue de ceux qui participent au débat d'idées sur la "question russe" à Washington et contribuent ainsi à son orientation.