Les Hydrocarbures De La Caspienne. La Competition Des Puissances Dans Le Caucase Et En Asie Centrale

Le bassin de la Caspienne décèle d'immenses richesses en hydrocarbures entre 180 et 200 milliards de barils de pétrole et quelque 7.800 milliards de gaz naturel - dont l'exploitation et l'évacuation vers les marchés extérieurs font l'objet d'une vive compétition internationale et sont devenues un important facteur de la politique des puissances. Sans attendre la définition juridique du statut de la mer Caspienne, les Etats riverains nouvellement indépendants se sont lancés dans une exploitation intensive des fonds marins, ce qui a suscité des contestations de la Russie, qui a interprété à sa manière les problèmes successoraux résultant de la disparition de l'URSS: traditionnellement, elle considérait la Caspienne comme une étendue d'eau interne, régie par les accords soviéto-iraniens de 1921 et de 1940. Jusqu'à présent, la Russie était pratiquement la seule à disposer dans cette région d'un réseau d'oléoducs et de gazoducs permettant l'exportation des hydrocarbures vers l'étranger, mais leur capacité de transport ne correspond plus aux besoins qui sont en forte hausse. Voulant acquérir en cette matière une certaine autonomie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan projettent la construction de nouvelles voies pour l'évacuation de leur gaz et pétrole, lesquelles bénéficient du soutien technologique et financier des Occidentaux, les Etats-Unis se montrant cependant peu disposés à accepter le transit par l'Iran. Avec les programmes INOGATE et TRACECA, l'Union européenne a offert ses services aux pays de la région pour édifier un ambitieux corridor euro-asiatique de transports et de communications, La conclusion, le 6 juillet 1998, d'un accord entre la Russie et le Kazakhstan au sujet du partage des fonds marins (mais non des eaux de surface) de la partie septentrionale de la Caspienne, ouvre-t-elle un nouveau chapitre dans la saga de cette mer ? En tout cas, elle laisse présager d'autres délimitations interétatiques sectorielles. On espère qu'une convention internationale sur le statut juridique de la mer Caspienne réglera prochainement des problèmes en suspens entre les Etats riverains : dans quelle mesure sera-t-elle conforme à la Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982, et dans quelle mesure va-t-elle innover en formulant de nouvelles règles du Droit maritime international s'appliquant à cette région ?