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Ce livre a pour objet de décrypter l'organisation sociale de l'élite militaire du sultanat mamelouk, ses évolutions et ses conséquences sur les pratiques guerrières dans le contexte de la crise du tournant des XIVe-XVe siècles. L'avènement du sultan Barqûq en 1382 engendra une importante mutation sociopolitique. Le souverain raffermit l'autorité sultanienne mais dut se confronter à la concurrence de maisons émirales qui lui contestaient son pouvoir.
Par le biais de l'expansion de son patronage et de l'intégration de l'essentiel de cette élite dans sa clientèle, Barqûq parvint à imposer son autorité. Celle-ci ne survécut pas à sa mort, malgré l'avènement de son fils et le monopole de ses mamlouks sur les offices : la société émirale, fusionnée dans la clientèle sultanienne, se fragmenta en maisons et factions antagonistes, luttant pour l'expansion de leur contrôle social sur la société émirale.
Les efforts de son fils, le sultan Faraj, pour restaurer la maison souveraine ne réussirent qu'à déplacer la fitna des émirs en Syrie et s'avérèrent vains lorsqu'après des années de guerre interne, les rebelles le vainquirent et renversèrent la dynastie. Entre concentration et fragmentation sociale, l'élite émirale vit se radicaliser les pratiques guerrières qui faisaient son identité sociale. De la querelle à la guerre meurtrière, les formes de la conflictualité et de la violence politique évoluèrent au cours de ces trente années, ainsi que les modes de résolution des conflits.
A l'issue de ces crises, s'imposa un nouveau régime politique : le sultanat mamlouk circassien.