Les mers intercontinentales ont tour à tour séparé, isolé puis réuni les peuples. Aujourd'hui ces méditerranées constituent de véritables ponts jetés entre les continents. Quelles que soient les latitudes de leurs eaux et de leurs rives (mer des Caraïbes, mer du Japon, mer de Chine, mer de Java, Méditerranée, Baltique, mer Noire, mer Caspienne) leurs dimensions réduites en font des passages, des lieux de prédilection du cabotage, d'échanges, de flux d'hommes, de marchandises ou d'idées. Elles contribuent, malgré des tensions, des conflits et des oppositions notables, à maintenir plus qu'à distendre les complémentarités entre leurs bordiers. Ceux-ci sont aujourd'hui le siège d'activités solidaires ou concurrentielles et les conflits qui les ont déchirés ont fait leur histoire commune désormais, la géographie de ces bassins laisse percevoir l'inversion de certains équilibres qui ont longtemps répondu à une logique de rapports Nord/Sud inégaux. Que des rapports de force s'établissent ou se renversent, que des politiques se heurtent, ces mers intérieures demeurent, pour les peuples qui les bordent un lien, un trait d'union, un élément autour duquel peuvent se cristallise identité culturelle, activités économiques et mouvements de population. Trois thèmes éclairent particulièrement ces caractères : diasporas méditerranéennes (des terres de départ aux nouveaux flux : renversement des flux, retour des expatriés, migration et clandestinité) ; modèles urbains de part et d'autre des rives méditerranéennes (la ville américaine dans les Caraïbes, ville occidentale et Méditerranée, villes chinoises et indiennes en Asie du Sud-Est...) ; mutations économiques et recomposition des territoires (complémentarités économiques, réseau, structuration de nouveaux espaces économiques, régionaux, coopération économique internationale et marchés régionaux...).