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On a plusieurs fois parlé, pendant les séminaires de Salagon, du désordre végétal et des tentatives très anciennes d'y opposer des structures explicatives, du moins rassurantes. On a aussi évoqué l'essence effrayante de la plante, être double habitant à la fois le monde de vivants et celui des morts, que l'arbre illustre au plus haut point, avec, d surcroît, pour certains arbres, une présence regardée comme immortelle.
La plante "invasive" a été questionnée comme inductrice de crainte, celle d'une dictature verte, éventuellement capable de bouleverser les équilibres terrestres et marins... Dans nos cultures, la plante, en charge de la renaissance printanière, rassure l'année, le coeur, repeuple sans cesse le vieil imaginaire. En même temps, elle inquiète : à moitié complice de l'hiver qui la vainc sans la détruire, son pouvoir d'étonnement joyeux ne peut jamais faire oublier l'inverse noir qu'il vaut mieux garder sous silence.
On rappellera toutefois que, comme la plante n'est jamais adorée pour elle-même, elles n'est que rarement crainte pour elle-même (la carnivore, les invasives...). Le plus souvent, c'est comme support, complice, agent d'une intention qui la manipule, qu'elle se fera redoutable, redoutée. Pierre Lieutaghi